David Garrett - Io Ti Penso Amore
Anywhere Out of the World
This life is a hospital where every patient is possessed with the desire
'Is it then that you have reached such a degree of lethargy that you
There we shall be able to take long baths of darkness, while for
At last my soul explodes, and wisely cries out to me:
'No matter where! No matter where!
N'importe où hors du monde
Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir
" Dis-moi mon âme, pauvre âme refroidie,
" Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement,
" Batavia te sourirait peut-être davantage, nous y trouverions l'esprit
" En es-tu donc venue à ce point d'engourdissement que tu ne te plaises
Je tiens notre affaire, pauvre âme !
Là,nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres cependant que, pour
Enfin, mon âme fait explosion et sagement elle me crie :
Charles Baudelaire
to change beds; one man would like to suffer in front of the stove, and
another believes that he would recover his health beside the window.
It always seems to me that I should feel well in the place where I am not,
and this question of removal is one which I discuss incessantly with my soul.
'Tell me, my soul, poor chilled soul, what do you think of going to live
in Lisbon? It must be warm there, and there you would invigorate yourself
like a lizard. This city is on the sea-shore; they say that it is built
of marble and that the people there have such a hatred of vegetation that
they uproot all the trees. There you have a landscape that corresponds to
your taste! a landscape made of light and mineral, and liquid to reflect them!'
My soul does not reply.
'Since you are so fond of stillness, coupled with the show of movement,
would you like to settle in Holland, that beatifying country? Perhaps you
would find some diversion in that land whose image you have so often
admired in the art galleries. What do you think of Rotterdam, you who love
forests of masts, and ships moored at the foot of houses?'
My soul remains silent.
'Perhaps Batavia attracts you more? There we should find, amongst other
things,the spirit of Europe married to tropical beauty.'
Not a word. Could my soul be dead?
acquiesce in your sickness? If so, let us flee to lands that are
analogues of death.
I see how it is, poor soul! We shall pack our trunks for Tornio.
Let us go farther still to the extreme end of the Baltic; or farther
still from life, if that is possible; let us settle at the Pole.
There the sun only grazes the earth obliquely, and the slow alternation
of light and darkness suppresses variety and increases monotony,
that half-nothingness.
our amusement the aurora borealis shall send us its rose-coloured
rays that are like the reflection of Hell's own fireworks!'
As long as it's out of the world!'
The Original Text In French
Charles Baudelaire
de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle,
et celui-là croit qu'il guérirait à côté de la fenêtre.
Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas,
et cette question de déménagement en est une que je discute
sans cesse avec mon âme.
que penserais-tu d'habiter Lisbonne?
Il doit y faire chaud et tu t'y ragaillardirais comme un lézard.
Cette ville est au bord de l'eau ; on dit qu'elle est bâtie en
marbre et que le peuple y a une telle haine du végétal,qu'il
arrache tous les arbres.
Voilà un paysage fait selon ton goût, un paysage fait avec
la lumière et le minéral et le liquide pour les réfléchir !
Mon âme ne répond pas.
veux tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ?
Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent
admiré l'image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi
qui aimes les forêts de mats et les navires amarrés au pied des maisons.
Mon âme reste muette.
de l'Europe marié à la beauté tropicale. "
Pas un mot. - Mon âme serait-elle morte ?
que dans ton mal ? S'il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont
les analogies de la Mort.
nous ferons nos malles pour Tornéo. Allons plus loin encore, à l'extrême
bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c'est possible ;
installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu'obliquement la terre,
et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment
la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant...
nous divertir les aurores boréales nous enverrons de temps en temps
leurs gerbes roses, comme des reflets d'un feu d'artifice de l'enfer!
" N'importe où ! n'importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! "