Thursday, April 17, 2014

Würde der Frauen Von Friedrich Schiller(With the french version)


William-Adolphe Bouguereau Art

Würde der Frauen
Friedrich Schiller
(1759-1807)

Ehret die Frauen! sie flechten und weben
Himmlische Rosen ins irdische Leben,
Flechten der Liebe beglückendes Band,
Und in der Grazie züchtigem Schleier
Nähren sie wachsam das ewige Feuer
Schöner Gefühle mit heiliger Hand.

Ewig aus der Wahrheit Schranken
Schweift des Mannes wilde Kraft;
Unstät treiben die Gedanken
Auf dem Meer der Leidenschaft;
Gierig greift er in die Ferne,
Nimmer wird sein Herz gestillt;
Rastlos durch entlegne Sterne
Jagt er seines Traumes Bild.

Aber mit zauberisch fesselndem Blicke
Winken die Frauen den Flüchtling zurücke,
Warnend zurück in der Gegenwart Spur.
In der Mutter bescheidener Hütte
Sind sie geblieben mit schamhafter Sitte,
Treue Töchter der frommen Natur.

Feindlich ist des Mannes Streben,
Mit zermalmender Gewalt
Geht der wilde durch das Leben,
Ohne Rast und Aufenthalt.
Was er schuf, zerstört er wieder,
Nimmer ruht der Wünsche Streit,
Nimmer, wie das Haupt der Hyder
Ewig fällt und sich erneut.

Aber, zufrieden mit stillerem Ruhme,
Brechen die Frauen des Augenblicks Blume,
Nähren sie sorgsam mit liebendem Fleiß,
Freier in ihrem gebundenen Wirken,
Reicher, als er, in des Wissens Bezirken
Und in der Dichtung unendlichem Kreis.

Streng und stolz, sich selbst genügend,
Kennt des Mannes kalte Brust,
Herzlich an ein Herz sich schmiegend,
Nicht der Liebe Götterlust,
Kennet nicht den Tausch der Seelen,
Nicht in Thränen schmilzt er hin;
Selbst des Lebens Kämpfe stählen
Härter seinen harten Sinn.

Aber, wie leise vom Zephyr erschüttert,
Schnell die äolische Harfe erzittert,
Also die fühlende Seele der Fraun.
Zärtlich geängstet vom Bilde der Qualen,
Wallet der liebende Busen, es strahlen
Perlend die Augen von himmlischem Thau.

In der Männer Herrschgebiete
Gilt der Stärke trotzig Recht;
Mit dem Schwert beweist der Scythe,
Und der Perser wird zum Knecht.
Es befehden sich im Grimme
Die Begierden wild und roh,
Und der Eris rauhe Stimme
Waltet, wo die Charis floh.

Aber mit sanft überredender Bitte
Führen die Frauen den Scepter der Sitte,
Löschen die Zwietracht, die tobend entglüht,
Lehren die Kräfte, die feindlich sich hassen,
Sich in der lieblichen Form zu umfassen,
Und vereinen, was ewig sich flieht.

The French Version


Daniel Gerhartz Art

HONOREZ LES FEMMES.
Friedrich Schiller
Traduction par X. Marmier

Honorez les femmes : elles tressent et mêlent des roses célestes à la vie terrestre ; elles forment l’heureux lien de l’amour et, sous ce voile pudique des grâces, elles entretiennent d’une main pieuse et vigilante le feu éternel des nobles sentiments.


Sans cesse hors des bornes de la vérité s’égare l’ardeur sauvage de l’homme : sans cesse ses pensées l’entraînent sur l’océan des passions. Il étend une main avide vers l’espace, jamais son cœur n’est satisfait, ses rêves inquiets l’emportent jusque dans les sphères éloignées.


Mais avec le charme d’un regard tout-puissant les femmes rappellent le fugitif, et lui font reconnaître les traces du présent. Sous la sainte garde de leur mère, dans leurs habitudes, elles sont restées les filles fidèles de la vraie nature.


Rudes sont les efforts de l’homme ; avec sa force écrasante, il s’en va à travers la vie sans repos et sans relâche. Ce qu’il créa, il le détruit : jamais la lutte de ses désirs ne s’arrête : ils tombent, et renaissent comme les têtes de l’hydre.


Mais satisfaites d’une gloire paisible, les femmes cueillent la fleur du moment et l’entretiennent avec des soins touchants ; plus libres que l’homme dans leur cercle restreint, plus riches que lui dans les domaines de leur savoir, dans les immenses trésors de la poésie.


Fière et superbe, se suffisant à elle-même, l’âme froide de l’homme ne connaît pas le bonheur de l’union des cœurs, les joies célestes de l’amour. Elle ne connaît pas l’échange des âmes, elle ne se fond pas en larmes affectueuses, les combats de la vie ne font qu’endurcir encore sa dureté première.


Mais l’âme sensible de la femme ressemble à la harpe éolienne qui frémit au souffle léger du Zéphire. L’image de la souffrance jette une tendre anxiété dans leurs cœurs généreux, et les larmes mouillent leurs paupières comme une rosée céleste.


Là où s’étend l’impérieuse domination de l’homme, là règne orgueilleusement le droit du plus fort. Le Scythe brandit son épée, et le Perse devient esclave. Les désirs impétueux et sauvages sont en lutte, et la rude voix des sombres puissances commande aux lieux abandonnés par les Grâces.


Mais avec de douces et persuasives prières, les femmes tiennent le sceptre de la vertu : elle éteignent le feu ardent des dissensions, elles apprennent aux forces hostiles et ennemies, à se contenir sous des formes aimables, et réunissent ce qui toujours se fuit.

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